Patrimoine de la ville

LE NOM DE GIBERVILLE

On retrouve le nom de la localité dans différents documents attestés. Les formes les plus anciennes attestées sont :

Goisbertivilla  en 1066
Guesbervilla en 1078
Gosbertivilla vers 1105

Le premier élément Gib(er) vient très vraisemblablement du nom de personne germanique Gausbert(us) également transformé en Goisbert-. 

Le deuxième élément « ville » signifie ferme, domaine rural.

Donc « Giberville » signifierait à l’origine « le domaine de Gausbert » ou « la ferme, le domaine de la personne nommée Gausbert.

PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE ET PREHISTORIQUE DE GIBERVILLE

Le plateau surplombant la rive droite de l’Orne, dans la zone de Les Jardins de Clopée (Giberville) et de Lazzaro 3 (Colombelles), a été l’objet de diagnostics et fouilles successifs depuis les années 1990

On y a mis en évidence une occupation allant du Néolithique ancien (~5200 av. J-C) jusqu’à l’époque contemporaine. 

Ces fouilles montrent que le territoire est habité depuis plusieurs millénaires, avec des traces d’habitations et de pratiques agricoles et funéraires. 

Préhistoire : Une tombe « princière » de l’âge du Bronze ancien

Les plus anciennes traces d’occupation humaine sur la commune sont révélées lors de fouilles sur le site de la zone d’aménagement concerté du chemin de Clopée, au nord de la commune. Elles ont mis à jour des fosses de chasse remontant au Mésolithique ou au début du Néolithique (6 000-5 000 ans avant notre ère)

D’autres fouilles ont mis au jour, dans la zone de Giberville, plusieurs sépultures de l’âge du Bronze ancien (≈ 1800-1600 av. J.-C.). Parmi elles, une tombe dite « princière » : un caveau trapézoïdal, de forme remarquable, associé à un mobilier funéraire riche : poignard en bronze, fragments de parures en ambre, pointes de flèche en silex. Ce type de sépulture est rare en Normandie.

Ainsi qu’en témoignent les constructions gallo-romaines découvertes à proximité de l’église en 1812, Giberville est un ancien site d’occupation romain, avec une installation de type industriel, possiblement une tannerie. Des objets trouvés lors de fouilles archéologiques (des monnaies et un trépied en bronze de belle facture) sont d’ailleurs conservés au musée de Vieux la Romaine.
Par la suite, le site a connu une première occupation franque à la fin du VIe siècle ou au début du VIIe siècle. Des fouilles menées en 1998 et prolongées l’année suivante ont mis au jour sur le site de la Delle de derrière l’église un habitat rural composé de trois groupes de cabanes, circonscrits par des fossés et des palissades. Le mobilier en bronze, en verre et en céramique recueilli à cette occasion témoigne d’un habitat prospère. Il semblerait qu’une nouvelle exploitation agricole s’y soit implantée dans la deuxième moitié du IXe siècle dont il reste les traces de grands bâtiments associant la pierre et le bois et d’équipements annexes, tels des fumoirs et des silos.

Église Saint-Martin

L’église Saint-Martin de Giberville est l’un des monuments les plus significatifs du patrimoine bâti de la commune.

L’église est attestée pour avoir des fonctions paroissiales très anciennes. On trouve trace d’un legs en 1313 destiné à une chapelle, legs confirmé à l’époque de Philippe le Bel. Cette église date du XIIIe siècle, avec des éléments ultérieurs aux XIVe et XVe siècles,.

Elle dépendait du patronage de la Charité de Caen puis de l’abbaye de Villers-Canivet.

Elle a subi des dommages sérieux pendant la Seconde Guerre mondiale notamment le chœur et la couverture de la nef. Des travaux de restauration ont eu lieu autour des années 1950-1960 pour remettre en état ce qui avait été endommagé.

L’église abrite un maître-autel, avec un retable orné de colonnes torses (colonnes spiralées).

Une partie de l’identité de Giberville est liée à son passé industriel et ouvrier, notamment via la Société Métallurgique de Normandie (SMN), qui a marqué la commune.
La SMN a profondément marqué le développement urbain, économique et social de Giberville.
En 1908, la firme allemande Thyssen achète des terrains à Colombelles, Mondeville et Giberville pour y construire une usine sidérurgique, profitant de la proximité du canal de Caen à la mer.
Se développe alors un immense complexe industriel, composé des ateliers, des hauts-fourneaux, des cheminements ferroviaires, d’un port privé, de cités ouvrières.
En 1910, est créée la Société franco-allemande des Hauts Fourneaux de Caen, qui deviendra en 1912 les Hauts Fourneaux et Aciéries de Caen. Enfin en 1924, elle prend le nom de Société Métallurgique de Normandie (SMN).

L’usine employait un nombre important de salariés : ~ 4000 au début des années 1920, ~ 5000 en 1940, jusqu’à un pic d’environ 6400 dans les années 1970.

Pour loger ses ouvriers et cadres, la SMN a construit des cités ouvrières, notamment la Cité du Plateau, répartie entre Colombelles, Mondeville et Giberville. Ces cités comprenaient logements, écoles, installations sanitaires, équipements culturels ou de loisirs, coopératives, etc.

C’était un paternalisme industriel fort.
Du point de vue économique, la SMN maîtrisait une grande partie de la chaîne sidérurgique, produisait de l’acier, surtout des produits longs (tiges, fils, chaînes) et exportait largement.

Après les Trente Glorieuses, la sidérurgie européenne commence à être mise sous pression : concurrence internationale, coûts de production, évolutions technologiques et demande changeante. La SMN ne fait pas exception. Le déclin des effectifs est net : dans les années 1980-1990, la SMN passe de plusieurs milliers d’employés à beaucoup moins, à mesure que les plans sociaux s’appliquent. La dernière coulée de l’usine a eu lieu le 5 novembre 1993, marquant la fin d’une époque.